Le 22 Mars 2016, NTW a organisé une conférence au Parlement européen : 5 ans après Fukushima , quelles sont les leçons pour l’Europe ? Ce fut l’occasion d’écouter des témoignages en provenance du Japon et d’appréhender les défis actuels en Europe.
Dans son discours d’ouverture, Michèle Rivasi, Présidente de Nuclear Transparency Watch et députée au Parlement européen (Groupe Les Verts/ALE) a rappelé qu’elle s’est rendue à deux reprises à Fukushima, où elle a pu avoir un contact direct avec la population. Elle avait alors remarqué deux faits importants: tout d’abord, le constat d’un manque d’information fournie à la population sur les conséquences potentielles de l’accident nucléaire notamment en termes de radioactivité et d’autre part une tendance générale à minimiser ces conséquences. Un autre aspect important à souligner est celui de la responsabilité. En effet si trois dirigeants de TEPCO ont été inculpés, aucune critique forte n’a réellement été soulevée et l’actuel gouvernement japonais préconise déjà un redémarrage des installations nucléaires, en dépit des risques avérés (par exemple celui d’un nouveau tremblement de terre). L’accident nucléaire de Fukushima a été le point de départ pour créer Nuclear Transparency Watch. Ce réseau européen a été fondé en 2013 suite à l’appel de députés européens appelant à plus de transparence concernant la sûreté nucléaire. En effet, Fukushima a montré que même un pays possédant une technologie de pointe comme le Japon se doit d’impliquer la société civile dans le but d’améliorer la sûreté nucléaire. Cet évènement, grâce aux différents intervenants, a pour but de montrer quelles sont les leçons que nous pouvons apprendre de cet accident afin d’améliorer les normes de sécurité et de sûreté dans les centrales nucléaires européennes. Michèle Rivasi a conclu son introduction en soulignant que nous devrions toujours considérer le facteur humain de la catastrophe, au moins autant que l’aspect technique.
PREMIER PANEL
M. Takahiro Hanzawa, représentant de la municipalité japonaise de Date a présenté les réponses de la ville de Date face à l’épisode radioactif provoqué par l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi. Pour rappel, Date est situé dans la préfecture de Fukushima, à environ 80km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Au moment de l’accident nucléaire 1000 personnes vivant dans un rayon de 20km autour de la centrale ont été évacués vers la ville de Date, cependant, trois mois et demi après l’accident, il a été mis à jour que le site était contaminé à un niveau beaucoup trop élevé pour la santé de ses habitants, et la ville a été évacuée à son tour. Durant notre évènement M.Hanzawa a principalement tenté de montrer que la situation actuelle à Date est sous contrôle. Selon une étude, parmi les 52, 783 citoyens qui ont surveillé leurs doses d’exposition externe à l’aide de dosimètres pendant un an, 95% étaient sous la dose de 2mSv, alors que la cible souhaitée à ce jour est de 5 mSv / an. M. Hanzawa a souligné également que la protection radiologique des enfants est un succès, en montrant qu’aucun enfant de moins de 15 ans n’a dépassé la dose de 4mSv par an. Immédiatement après l’accident, une avalanche d’informations ont été communiquées au public, relayées en partie sur les médias sociaux, ce qui a pu avoir un effet contre-productif. Lorsque la situation s’est stabilisée, des informations claires et correctes ont été progressivement communiquées. Mr Hanzawa a ensuite fourni des chiffres pour montrer que le niveau de radioactivité de la ville de Paris, Tokyo et Fukushima sont aujourd’hui quasiment au même niveau, en se fondant sur une étude réalisée par les étudiants étrangers venant de six lycées. Cependant la population concernée est très réticente à revenir, pour des raisons économiques et parce que ces personnes ont déjà commencé une nouvelle vie ailleurs, ce qui représente un vrai défi pour les autorités japonaises. 5 ans après l’accident de Fukushima, il n’y a pas de perspective claire de démantèlement de Fukushima Daiichi et la décontamination n’a pas beaucoup progressée dans certaines zones. Un partage rapide de l’information est essentiel au niveau européen et la collaboration des pays est primordiale en cas d’accident nucléaire.
Gilles Hériard-Dubreuil, Directeur du cabinet français Mutadis, a présenté un rapport sur les populations locales devant faire face aux conséquences à long terme des accidents nucléaires.[1]Gilles Hériard-Dubreuil a concentré sa présentation sur le fait que la gestion post-accidentelle est un cas nécessitant une attention très particulière afin d’appréhender sa complexité, créée par un ensemble d’éléments interdépendants. En effet, un accident nucléaire est non seulement radiologique, mais il a un impact sur tous les éléments de la vie quotidienne à la fois pour les personnes vivant dans des zones contaminées, mais aussi pour les personnes quittant la région (et qui tentent ensuite de commencer une nouvelle vie ailleurs avec toutes les difficultés que cela peut impliquer). La vie quotidienne dans son ensemble est affectée (économie, éducation, loisirs, services publics, etc.). Les populations locales sont confrontées à des dilemmes importants, notamment celui de rester ou de partir et on constate un sentiment général de perte de contrôle s’ajoutant à ces dimensions. Dans cette situation, les populations attendent des informations, un soutien, une expertise, mais habituellement, en raison de certains malentendus, de fausses informations ou même parfois de mensonges ayant eu lieu, un réel manque de confiance se développe envers le système social, laissant alors les populations dans un sentiment de solitude accru alors même qu’ils font face à une crise. Ce type de situation pose la question de la gouvernance et remet en cause l’approche verticale classique. Une autre observation est que les pouvoirs publics peuvent provoquer des effets indésirables tels que la propagation de méfiance et peuvent ainsi endommager les liens sociaux d’une manière très sérieuse. Pour conclure, M. Hériard-Dubreuil observe que lorsqu’on parle de gestion post-accidentelle, bien qu’il ne peut jamais réellement y avoir de retour à la normale et qu’il il s’agira toujours d’un état de transition, le fait de comprendre toute la complexité et les enjeux d’une situation aide et facilite cette transition. L’objectif principal pour les populations est de trouver une voie de transition vers un état d’autonomie et de dignité.
Ce premier panel a été conclu par l’intervention du député européen italien Dario Tamburrano, membre du Groupe EFDD, qui a participé activement à faire passer un amendement afin que l’énergie nucléaire ne soit pas financée par les institutions européennes. Dans son discours, il a évoqué le poète Italien Garete ayant comparé les hommes à des feuilles d’automne séjournant sur les arbres avant de tomber brutalement pour exprimer son inquiétude sur le fait que le choix du nucléaire était encore très tentant pour de nombreux Etats, même après les deux accidents très graves de Tchernobyl et de Fukushima. En Ukraine, les institutions européennes financent l’amélioration des installations nucléaires datant d’avant Tchernobyl, où a eu lieu cet accident terrifiant, qui a particulièrement marqué Mr Tamburrano. A présent, même dans les meilleurs scénarios, les sociétés auront toujours à faire face aux difficultés de la contamination nucléaire et de la gestion des déchets radioactifs. Cette temporalité de mille ans est totalement inconnue pour les humains. Dario Tamburanno a conclu en soulignant que la protection des investisseurs est toujours assuré en priorité , au détriment de la santé et de la sûreté des citoyens.
Questions & Débat
L’eurodéputée britannique du groupe S & D Julie Ward s’est rendue à Fukushima en septembreoctobre 2014. A l’époque, elle a participé à la mise en sacs poubelles de grandes quantités de sol contaminé, des sacs qui s’empilent et désagrègent lentement. On lui avait également dit que les enfants ne pouvaient plus jouer à l’extérieur et avaient l’interdiction de toucher le sol, étant donc privés de leur capacité à vivre une vie normale.
Reiko Hasegawa chercheuse à Sciences-Po Paris qui a interrogé une centaine de personnes évacuées ainsi que le gouvernement local de Fukushima, a souligné que les dosimètres ne montrent absolument pas la dose de radioactivité au sein des forêts et des montagnes, qui couvrent pourtant 70% du territoire dans le périmètre de la catastrophe. De même, si les dosimètres ont montré des taux plus bas pour les enfants, c’est précisément parce qu’ils ne sont pas autorisés à se rendre dans ces zones. Elle a interpellé également Mr Hanzawa sur l’inclusion de ces calculs de radioactivité au sein des forêts et des montagnes dans les chiffres fournis pour montrer que Fukushima, Tokyo et Paris avaient le même niveau de radioactivité. Elle a également souligné que souvent, si la population ne veut pas revenir dans des zones décontaminées, c’est bien parce que les opinions diffèrent au sein même de la communauté scientifique et ce n’est pas, comme M. Hanzawa a suggéré, seulement les citoyens qui sont responsables de la diffusion d’informations contradictoires.
Michèle Rivasi a rappelé que la gestion de crise du gouvernement japonais était loin d’être satisfaisante et avait clairement manqué d’anticipation et d’une bonne communication. Elle a estimé très important d’être capable de critiquer son propre pays afin de gagner la confiance de la société civile et de trouver une solution collective.
M. Takahiro Hanzawa a insisté sur son sentiment de colère envers son pays et sur les lacunes et les défauts qui se sont produits au moment de l’accident. Sur la situation des enfants, cependant, il a maintenu qu’il n’a jamais existé et qu’il n’existe pas de tel contrôle et que la plupart des enfants vont à l’école comme d’habitude et entrent en contact avec la nature. Mais M. Hanzawa a reconnu qu’il y a un problème de confiance de la population locale et a répété que regagner cette confiance est un réel défi.
A propos du sol contaminé, David Boilley a expliqué que le gouvernement japonais prévoit actuellement une quantité de 20 milliards de mètres cube après la réduction par incinération, et que la quantité massive de sol contaminé rend ce problème difficile à régler.
DEUXIÈME PANEL
L’eurodéputé allemand du groupe S&D, Jo Leinen, a ouvert le second panel en rappelant que l’Europe n’est pas vraiment préparée car bien qu’il y ait des plans d’urgence nationaux, nous avons actuellement un besoin urgent de plans d’urgence européens plus efficaces et harmonisés.
Le président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) David Boilley, a fait une présentation sur la base de deux études de cas en France et en Belgique. [2] Le premier constat est que l’étendue des zones de préparation est trop petite dans les deux pays. Il existe également des différences significatives entre les deux pays et l’information directe à la population affectée s’arrête à la frontière. En ce qui concerne la prophylaxie à l’iode, la pré-distribution de comprimés est également trop limitée. La plus forte préoccupation est liée à l’évacuation qui peut devenir une mesure fortement perturbatrice dans la vie des personnes touchées et David Boilley a souligné que les populations vulnérables (particulièrement les personnes âgées et hospitalisées) sont à risque en cas d’urgence et qu’elles doivent être protégées. Il y a une nécessité urgente d’avoir une évaluation scientifique des plans d’évacuation. La comparaison entre la Belgique et la France montre que les niveaux d’intervention opérationnels ne sont pas harmonisés, et généralement pas fondés sur des motifs scientifiques et objectifs. Les plans actuels en Belgique et en France, deux pays fortement nucléarisés et densément peuplés, ne prennent en compte les accidents que jusqu’à un niveau 5 sur l’échelle INES. Une telle limitation est due au fait que la population actuelle dans un rayon de 30 km autour de Fessenheim est de plus d’un million et 1,5 million pour Doel, lorsque la population dans un rayon de 30 km autour de Fukushima était de 170 000 au moment de l’accident. Les enseignements tirés de la catastrophe de Fukushima ne sont pas appris et l’évolution vers des plans plus réalistes est trop lente. Les recommandations récentes du Conseil Supérieur de la Santé belge représentent cependant un réel changement. Il convient de noter que ce dernier recommande la mise en œuvre d’un nouveau cadre aussi rapidement que possible en 20163. D’autre part, en France, le plan national de Janvier 2014 et les nouveaux plans d’urgence locaux (PPI) ne montrent aucun changement, et l’IRSN préconise même de réduire le nombre de personnes évacuées. Enfin, David Boilley a soulevé la question cruciale de la participation des parties-prenantes, considérant que certains plans d’urgence ne sont pas publics et ne sont donc jamais débattus.
Nadja Zeleznik, membre du Centre Environnemental Régional et présidente du groupe de travail NTW sur la préparation et la réponse aux accidents nucléaires (EP&R) a présenté un rapport sur les standards européens actuels en matière d’EP&R. [3] Ce groupe de travail NTW a été formé dés la création de l’ONG dans le but d’évaluer les dispositions nationales et européennes en matière d’EP & R du point de vue de la société civile afin d’identifier les principaux défis et d’informer le public. Le rapport EP&R montre que les dispositions actuelles demeurent dépassées, insuffisantes et que les citoyens et les organisations de société civile (SC) ne sont pas impliqués dans les stratégies d’urgence et post-accidentelles. Les principales recommandations de NTW concernent le renforcement de la SC et l’engagement du public dans la planification et la gestion post-accidentelle aux niveaux local, national et transfrontalier. Il faut également commencer à harmoniser les dispositions d’urgence (zonage d’urgence sur l’évacuation, la mise à l’abri, et la distribution d’iode) . Il est également nécessaire de développer un cadre juridique impliquant la société civile à chaque niveau de préparation et de décision dans l’esprit de la Convention d’Aarhus. NTW souhaite voir la Commission européenne jouer un rôle clé dans ce développement, et il y a 3 principaux domaines d’action futurs: La nécessité d’une évaluation multi-parties de la situation actuelle, la transposition formelle ou efficace et qualitative, et une enquête plus approfondie à l’égard de société civile. Nadja Zeleznik a conclu en soulignant que la dernière directive européenne de sûreté BBS (Basic Safety Standard, qui doit être mise en oeuvre d’ici début 2018) est une bonne opportunité d’améliorer les standards EP&R, à condition qu’elle ne soit pas un simple exercice formel et qu’elle soit réellement mise en œuvre.
Philippe Jamet, commissaire de l’ASN a rappelé que l’accident de Fukushima est très vite oublié. Pourtant selon lui, il est absolument necessaire de se preparer car la question n’est pas de savoir s’il y aura ou non un accident, mais bien de savoir quand il aura lieu. Il est clair qu’il existe beaucoup de différences entre les pays européens et que si ces differences demeurent, la prise en charge précoce de l’urgence sera chaotique et probablement impossible. Ce constat a constitué le fondement du le travail produit par les organismes HERCA et WENRA, qui ont construit un consensus en 2014 entre les autorités responsables de la sécurité et de radioprotection. Quelles sont les avancées à ce sujet? Philippe Jamet a expliqué qu’on observe actuellement encore beaucoup de résistances et d’ arguments en reaction à ce consensus que l’on peut considerer comme assez avancé. Le premier obstacle concerne les approches nationales et la souveraineté nationale. Un autre obstacle est le fait que de nombreux acteurs soient impliqués. Considérant cela, le projet est d’avancer étape par étape, afin d’aider et d’accompagner la mise en œuvre plutôt que d’envisager une approche très stricte. Il existe actuellement trois types d’actions entreprises: tout d’abord faire connaître et informer sur le consensus. Le deuxième aspect est un travail en profondeur; un groupe spécifique dans HERCA ayant été consacré pour cet objectif, en fournissant notamment des conseils pour mettre en œuvre cette approche (par exemple pour le guidage sur la façon dont les pays devraient organiser un accord bilatéral). Le troisième point concerne l’organisation de réunions de travail entre les autorités réglementaires pour voir comment il est possible de progresser dans ce domaine.
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Questions & débat
-Olga Kalisova, de l’organisation Calla (organisation tchèque pour la protection de l’environnement), a demandé à M. Jamet pourquoi les organismes HERCA et WENRA ne conseillent pas directement à l’industrie d’arrêter les centrales et d’entamer le processus de démantèlement.
-Michèle Rivasi a souligné l’importance de donner plus de pouvoir à la Commission européenne, ainsi qu’aux autorités de sûreté. Sa deuxième question concernait le cas belge. En effet, même si l’autorité de sûreté belge a déclaré que les réacteurs de Doel et Tihange ne correspondent pas aux normes, le gouvernement a pris la décision de les redémarrer. Comment serait-il possible de renforcer le pouvoir des autorités de sûreté pour que la décision finale ne soit pas seulement fondée sur des facteurs économiques et industriels?
-Albena Simeonova, représentante de la Fondation bulgare pour l’Environnement et l’Agriculture a déclaré qu’en Bulgarie, les fonds alloués pour le démantèlement et de la gestion des déchets radioactifs ne sont disponibles que pour une durée de 13 ans. Comment les pays européens comme la France et la Belgique trouvent-ils un financement pour la fin de vie du cycle nucléaire?
Tout d’abord, Philippe Jamet a rappelé que les autorités de régulation n’ont aucune responsabilité sur les politiques énergétiques et qu’elles doivent suivre la décision nationale finale (la sortie du nucléaire ou continuer l’exploitation des centrales). Cependant, il est impossible d’effectuer une sortie rapide du nucléaire et dans tous les cas le pays devra se préparer à l’accident ce qui indique la nécessité d’un travail continu et important. Concernant la Belgique, si les autorités réglementaires peuvent se prononcer sur la dangerosité d’une installation, en fin de compte, il revient à l’Etat par droit constitutionnel de décider de faire fonctionner l’installation ou non. Il a rappelé également qu’un homologue au sein de la société civile est primordiale à un niveau européen et a salué l’existence et le travail de NTW. Sur la question sur les déchets et du démantèlement, Philippe Jamet a rappelé qu’en France, l’opérateur doit prévoir de l’argent pour le démantèlement et la gestion des déchets, et qu’il doit régulièrement réévaluer les coûts, contrôlés par le gouvernement avec le soutien de l’autorité de régulation qui contrôle les plans techniques.
Dans son discours final, Jo Leinen a souligné à nouveau le fait avéré d’un accident en Europe, allant à l’encontre de ce qui est souvent entendu sur Tchernobyl considéré comme un accident soviétique, et Fukushima une catastrophe nucléaire liée aux spécificités japonaises. Or ce risque est-il à prendre, dans un contexte où certains gouvernements ont choisi de sortir du nucléaire après l’accident de Fukushima. C’est une bataille politique actuellement en cours. La société civile doit mettre en avant un grand nombre d’éléments dans la gestion ainsi que la prévention des risques. Michèle Rivasi a finalement rappelé les prochaines activités de NTW: un séminaire sur le démantèlement des installations nucléaires, et un atelier sur la menace terroriste et notamment celle des drones pour la sécurité des centrales nucléaires, projet qui est apparu plus d’actualité que jamais (les attaques terroristes ont frappé Bruxelles seulement quelques instants avant le début de notre événement au Parlement).
[2] http://www.acro.eu.org/insuffisances-des-plans-durgence-nucleaire-belges/ and http://www.acro.eu.org/plans-durgence-nucleaire-en-france-forces-et-faiblesses/
[3] http://www.nuclear-transparency-watch.eu/wp-content/uploads/2015/04/NTW-Report.pdf