J’ai travaillé sur la problématique des déchets radioactifs pendant de nombreuses années, d’abord à l’université et depuis 12 ans pour le mouvement environnemental suédois. En Suède, les systèmes mis en place pour accéder à l’information, à la consultation et à l’information publique sont très favorables au dialogue. Il n’est pas toujours facile d’intéresser le grand public ou les politiciens à la complexité des problèmes de déchets radioactifs, cependant les interactions entre l’industrie (SKB), le régulateur (SSM), les communautés nucléaires (Östhammar et Oskarshamn), le Conseil suédois pour les déchets nucléaires, le conseil consultatif scientifique du gouvernement), les milieux universitaires, le mouvement environnemental et d’autres acteurs sont bien développées.
Afin de permettre un engagement réel d’un mouvement environnemental qui a de nombreuses priorités et des ressources limitées, le gouvernement l’a financé depuis 2004. Depuis de nombreuses années, MKG, comme les communautés nucléaires, a reçu des financements du Fonds suédois des déchets nucléaires. Cette expérience suédoise montre que la transparence de la gouvernance européenne et nationale de la gestion des déchets radioactifs est essentielle du point de vue des ONG. Afin de parvenir à une gestion réussie et sûre des déchets radioactifs, il est essentiel d’impliquer la société civile dans un processus ouvert tout au long de la planification à travers la prise de décision et la mise en œuvre. Cela signifie également qu’il faut donner aux ONG environnementales les ressources nécessaires pour s’engager de manière durable et conséquente.
Hier, et aujourd’hui, alors que j’écoutais des présentations et que j’étais assis à différentes tables pendant la session du World Café, deux choses m’ont frappé. La première était positive. J’ai clairement senti que beaucoup de personnes (même si pas toutes) avec qui je discutais, étaient disposées à écouter et à saisir des choses qui leur étaient peut-être nouvelles. Tout comme j’ai appris qu’en écoutant et en saisissant de nouvelles informations, je parvenais à développer une opinion plus éclairée.
Mais il y avait aussi un sentiment de voyage en arrière dans le temps. Peut-être que le fait de discuter des «60 ans d’Euratom» a contribué à ce sentiment. Je n’étais pas là dans les années 1950, mais cela devait être très semblable. À cette époque, l’énergie nucléaire était une nouvelle possibilité technique, un âge atomique pacifique découlait des armes nucléaires développées pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout était positif. Les déchets radioactifs n’étaient pas un problème. Les risques d’accident présentaient une probabilité si faible qu’ils pouvaient être ignorés. Les rejets routiniers des réacteurs opérationnels n’étaient pas pires que les produits chimiques rejetés par d’autres industries. L’énergie nucléaire serait bon marché et sauverait le monde.
J’ai eu l’impression que c’est ce que j’ai souvent entendu plusieurs fois hier. L’énergie nucléaire n’a aucun problèmes. Et elle peut sauver le monde du changement climatique. L’unique chose à faire pour réaliser une fois de plus la vision d’un grand avenir pour l’énergie nucléaire, c’est d’informer le public et les gens comme moi, afin que nous comprenions. Que l’énergie nucléaire n’est pas si chère. Et qu’elle cause peu d’émissions de CO2.
Mais je digresse. Ce panel porte sur la gestion des déchets radioactifs. Pourtant il y a un lien. Une raison claire conduisant le grand public à considérer l’énergie nucléaire comme plus problématique qu’un système d’énergie renouvelable est que l’énergie nucléaire produit des déchets. Et pas n’importe quel type de déchet. Des déchets qui sont très dangereux et doivent être isolés de l’humanité et de l’environnement pour dix mille, cent mille ou même un million d’années.
Dans ce panel, nous discuterons entre autres du rapport de la Commission européenne sur la mise en œuvre par les États membres de la directive sur la gestion des déchets radioactifs et du combustible usé. C’est un très bon rapport. La Commission a adopté une perspective globale sur la situation en Europe. Il est très intéressant de le lire de réfléchir à son sujet, en effet de nombreuses questions se posent après cette lecture.
Je termine en déclarant une chose peut être évidente, mais il est néanmoins malheureusement nécessaire de la mentionner. Après la session Plénière de l’ENEF, il y aura un rapport écrit qui tentera de résumer certaines conclusions de ce forum. Ces conclusions sera écrites par le Comité de pilotage mené par la Commission. Il est important que tous les points de vue présentés en séance plénière soient pris en compte par toutes les parties prenantes lors de la synthèse de ces deux jours, ainsi que de la planification de la prochaine séance plénière de l’ENEF. Dans ce forum il y a de nouveau de nombreux représentants d’ONG environnementales prêts à interagir et à apprendre. Ils méritent également d’être écoutés. L’objectif de l’ENEF est le dialogue. Reprenons donc ce dialogue dans le respect mutuel. «